I ) des jumelles d'apparence ordinaires

La première impression lorsqu'on prend la Nikon 12X50 SE en main, c'est sa legereté. Vu sa taille on s'attend a un objet plus lourd. En fait il n'en est rien. Son corps en magnesium lui confère sa légèreté de 900g

On note par ailleurs que le traitement des objectifs est très sombre avec une légère teinte violette ou verte selon l'angle de vue. Impossible de discerner son propre visage dans le reflet des objectifs. Ce qui indique une très bonne transmission lumineuse.

La prise en main est très agréable. Les futs se logent agréablement dans les paumes de la main. Un très fin revetement en caoutchouc assure une bonne préhension.

II ) sur l'aspect mécanique :

On a affaire a une bonne vielle paire de jumelle à prismes PORO. L'impression d'ensemble est très correcte.

Qu'est ce qu'on a techniquement ?

Des objectifs de 50mm associés à un grossisement de 12X donnent une pupille de 4,1 mm. Relief d'oeil 17,4 mm, un avantage certain pour les porteurs de lunettes mais aussi les autres. Le champs réel est de 5 degrès. Exterieurement on constate que les pupilles de sortie sont bien rondes. L'intérieur des tubes présente un bafflage (ce qui est suffisamment rare pour le mentionner) ceci évite les réflexions fantomes. Le traitement des verres est particulièrement sombre.

L'oculaire droit permet un ajustement dioptrique de +-4. Les oculaires sont surmontés par des 2 pièces en caoutchouc, ce qui de mon point de vue est moins agréable que du plastique. Personnellement j'ai du démonter et nettoyer longuement les 2 caoutchoucs au savon car la matière était irritante sur la peau.

La fixation Nikon (optionnelle) est pratique. Elle se visse sur la tige centrale et se fixe sur le trepied par une vis à pas Kodak. L'inconvénient c'est justement qu'elle est optionnelle, soit dit en passant.

Du fait de la configuration en prismes Porro, les futs ne sont pas étanches au niveau des oculaires. Ceci peut présenter un inconvenient en ornitho (uniquement les warriors qui sortent par tous temps!) mais aussi en astronomie par temps humide. En effet les futs ne sont donc pas remplis en nitrogen ce qui peut favoriser la présence d'humidité à l'intérieur. Personnellement je n'ai jamais contaté d'humidité à l'intérieur, meme par mauvais temps.

La molette de mise au point est très fine et le réglage est un peu long. Pour passer de la mise au point de 5 m. (le minimum) à l'infini il faut un tour et demi de molette. Ceci n'est pas génant pour le ciel, mais pour l'ornitho c'est plus embettant car il est nécessaire de changer rapidement la mise au point. Personnellement je ne considère pas ce point comme un defaut, mais il est vrai que sur des jumelles en prismes en toit, la mise au point est plus rapide.

A noter que le cache oculaires se pose, il ne s'emboite pas.

En bref...

Même si l'aspect mécanique n'est pas le point fort de ces jumelles, la qualité de l'optique est là. Je vous propose de lire la suite...

III ) sur l'aspect optique :

En plein jour, jumelles sur trépied :

L'image est flateuse. 5° de champs offrent une vue genereuse du paysage. L'image est lumineuse et détaillée, les couleurs neutres. Les premières visions à travers les oculaires sont époustouflantes, l'image apparait avec un niveau de détail très riche. Le rendu des couleurs est remarquable. Par chance, en cette période de printemps les fleurs arborent une large gamme de couleurs dont la beauté ressort magnifiquement bien. Fait important à signaler, l'image est encore nette sur le bord.

La vision en relief est évidente : ainsi plusieurs arbres vus sur des plans différents offrent une vue tridimentionnelle qui disparaît intantanement lorsqu'on ferme un oeil.

L'aberration chromatique est inexistante en vision directe . Dans des conditions "poussées" de luminosité très forte associée à un contraste maximal, un impercepetible halo violet apparaît sur l'extrême bord du champs. Ce halo disparaît quand le regard se porte dans cette zone. C'est tout ce qu'on peut dire sur le chromatisme de la Nikon 12X50 SE, en diurne.

Le contraste est le point fort de ces jumelles. Ceci n'est sans doute pas etranger à sa conception. En effet dans des jumelles à prismes PORO, les faisceaux lumineux ne sont pas supperposés et il y a moins de surfaces optiques traversées. Ce qui donne des images plus piquées que dans des jumelles à primes en toit (à qualité optique égales bien entendu).

L'utilisation à la main levée :

La légèreté de l'instrument et sa prise en main particulièrement agréable permettent des observations ponctuelles à main levée dans de bonnes conditions.

Sur le ciel :

Les champs riches d'étoiles offrent une vue fabuleuse. Où que l'on pointe on découvre un fourmillement d'étoiles bien piquées, ça bave pas c'est net. Je pointe Capella (Aur), étoile jaune éclatante. Capella apparaît comme un point bien défini, bien découpé. La couleur jaune est saisissante. Je suis frappé par les couleurs. On perçoit aisement les différences d'intensité de bleus ou de jaunes. La qualité est constante jusqu'au bord du champs. Néanmoins il y a une partie un peu moins nette sur le bord extrême. Ce défaut n'était pas apparu en diurne. L'aberration chromatique est inexistante même sur les étoiles les plus brillantes ni même sur la Lune. La Lune à travers les nikon 12X50 SE est somptueuse ! M81 et M82 (UMa), les 2 fameuses galaxies de la Grande Ourse apparaissent nettement. Le noyau de M81 se détache sur une tache oblonde. Albiréo (Cyg), une des plus belles étoiles doubles du ciel boréal est bien séparée. La bleue, la petite, contraste joliement avec la grande, jaune. Même à faible grossissement le couple est magnifique.Les amas sont faciles à reperer dans 5 degrès de champs. Les amas ouverts sont très détallés. Je parviens à résoudre jusqu'au centre des plusieurs de ces amas. M11 (Aql), amas globulaire, laisse apparaitre sa structure sous la forme d'une tache laiteuse.

Les observations nocturnes ont été faites sous un excellent ciel des Alpes françaises.

Et pour conclure...

Le contraste, le rendu des couleurs, la perception des détails, la qualité égale sur tout le champs, font que ces jumelles sont exceptionnelles. Pour un budget autour des 1200,00€ on a des performances optiques de très haut niveau.

Les Nikon 12x50 Superior Edition me semblent donc tout à fait adaptées pour l'astronome recherchant un instrument grand champs, sans compromis sur la qualité optique.

Hervé Jégou.